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We're strangers in an empty space [Verity A. Clopton]

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Athénaïs Spyro
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MessageSujet: We're strangers in an empty space [Verity A. Clopton] We're strangers in an empty space [Verity A. Clopton] Icon_minitimeJeu 2 Juin - 23:29

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We're Strangers in an Empty Space

AVEC — VERITY A. CLOPTON



La pénombre était omniprésente à cette heure-ci. Seuls quelques rayons (de lune ou de soleil? les vitres étaient tellement sales que l'on avait facilement des doutes) traversaient le mince couloir et ricochait sur les murs, faisant apparaître les lattes, et surtout la poussière. Un cafard longea la démarcation du sol, alternant entre ombre et lumière, ne laissant rien interrompre sa folle course. On pouvait apercevoir un bout de cadre dans la faible lumière. Le visage blanc d'un enfant peint s'enfonçait dans le noir et rejoignait les ténèbres mystérieuses.

Mais une ombre plus menaçante encore plongeait la scène dans une atmosphère plus qu'inquiétante. On pouvait s'en apercevoir si l'on était un tant soit peu habitué, ou si l'on avait un sixième sens. Oui. L'ombre d'une Brute planait sur ce couloir. On ne savait pas trop comment. Mais il n'y avait aucun bruit. L'air était immobile, tel que même les particules de poussière semblaient s'être arrêtées dans le temps. À ce moment là, c'était une zone rouge.
La bête était terrée quelque part. Mais elle était très bien cachée. Facile, avec toute cette obscurité. Il aurait fallu s'arrêter quelques secondes pour remarquer sa cachette. Mais ces quelques secondes marquaient sûrement votre arrêt de mort. Car une fois vu, le monstre s'arrange toujours pour que vous le voyez encore. Tôt ou tard. Jusqu'à ce qu'il soit la dernière chose que vous ayez vu, tout court.

Alors oui, vous auriez pu voir les yeux. En haut. Des yeux qui semblaient jaunes à la lueur de la lumière faiblarde. Et si vous aviez eu la chance de vivre ici depuis longtemps, vous auriez sûrement reconnu cette paire de globes mortelle.

Athénaïs scannait le couloir depuis un bon moment désormais. Elle avait repéré ce trou dans le plancher qui donnait dessus, la faisant devenir maître de la situation au plafond. L'endroit rêvé.
Personne n'était encore passé. Plus le temps s'écoulait, et plus sa patience s'amenuisait. Dommage... Sa future victime n'aurait peut-être pas la "chance" de jouer beaucoup avec elle. Au moins aurait-elle une garantie de mort lente et douloureuse, c'était déjà ça. Mais bon, il fallait bien avouer que l'attente faisait partie du jeu. Et ne rendait la proie que meilleure... À ce stade là, même un vieux dément boiteux aurait pû divertir Athénaïs et fait sa journée. Elle semblait plutôt de bonne humeur, pour une fois!
Mais elle voulait jouer. Comme un chat roule une pelote de laine, la Brute voulait un oeil à faire bondir sur les lattes poussiéreuses. Et elle aurait sûrement trouvé une utilité à tout le reste. La jeune femme se léchait presque les canines, luisant elles aussi tout comme ses yeux affamés.

Là! Quelque chose avait bougé. Athénaïs se mit en garde, l'adrénaline commençant à monter. Ses muscles se contractèrent, prête à sauter sur sa proie à tout moment. Elle distinguait des cheveux blonds depuis son trou au plafond. Une chevelure qui reflétait les reflets de lumière et qui ne pouvait être ignorée même si elle l'aperçut brièvement. La jeune femme attendit un peu. Son regard s'était un peu habitué à l'obscurité, et si elle se concentrait, elle arrivait à voir les contours des objets dans le noir. Et il y avait bel et bien quelqu'un. Et ce quelqu'un ressemblait en tout points à une de ces victimes faiblardes qui méritaient un petit séjour en laboratoire. Mais pas celle-ci. Celle là allait juste atterrir dans les griffes de la Brute. Et ne pas en retourner. C'était son moment de gloire, rideau de fin sur ce petit amnésique qui aura bien servi au défouloir de l'ancienne prostituée.
La silhouette bougea encore. Il était temps.

Athénaïs s'élança depuis le trou, atterrissant sur le sol du couloir en bas, accroupie. Le saut n'avait pas été très éprouvant, mais assez haut pour que le coeur (encore existant, étonnamment) de la Brute batte plein temps. La jeune femme se releva lentement, un sourire malsain aux lèvres, la lueur folle dans ses yeux ne désemp... Non, la lueur disparut. Le sourire aussi. La mascarade de Brute était tombée. D'un coup. D'un seul. Elle était bien vite redevenue Athénaïs. Une jeune femme. Une. Ancienne. Prostituée.

Plein de mots se bousculaient dans sa tête. Elle faisait de son mieux pour que la personne en face d'elle ne les entende pas par mégarde, vu dans l'était dans lequel elle venait de la mettre. Le visage qu'elle observait, là, maintenant. Athénaïs n'osait y croire. C'était elle... C'était bien elle... La Brute sentit immédiatement des larmes venir jusqu'à ses yeux? Qu'est-ce qu'il lui arrivait? Elle n'avait pas pleuré depuis... Elle ne se souvenait même pas depuis quand elle avait pleuré! Cela devait remonter bien avant le Manoir. Oh mon Dieu...

« Verity... Verity qu'est-ce que tu fais là? »

Il y avait beaucoup d'émotions dans sa voix. Des émotions qu'elle n'exprimait plus jamais, désormais. De l'inquiétude. Un peu de joie. De la peur... Elle avait failli sauvagement tuer la meilleure, et la seule amie qu'elle eut dans toute sa vie. Athénaïs avala un sanglot. Difficilement. Sa gorge s'était rétrécie jusqu'à rendre la moindre déglutition douloureuse.
La jeune femme la regardait encore et encore, peut-être qu'à un moment, elle se rendrait compte qu'elle avait fait erreur. Mais c'était impossible. La fille en face d'elle avait exactement les mêmes traits. Ses yeux aussi sombres que les siens, mais n'ayant pas perdu leur étincelle, contrairement à elle. Ses joues encore rose de santé. Et ses lèvres, quelque chose que l'on remarquait dès la première fois qu'on la regardait... Pourquoi était-elle ici? Verity...


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