Lorsqu’elle me prit la main, je sentis mes nerfs se détendre légèrement. Par rapport à moi, ses mains étaient si chaude, si douces. Elle n’avait réellement pas peur de moi et ne semblait pas me craindre plus que cela. Cela me fit du bien de voir que quelqu’un pouvait m’apprécier pour ce que je suis au-delà de mes défauts alors que l’on vient tout juste de se rencontrer. Elle s’était efforcée de me comprendre et voulait absolument m’aider à outrepasser ce désir de mordre et de boire le sang des personnes qui peuplent ce manoir. Elle avait tout bonnement confiance en moi et pensait que je pouvais arriver à combattre cet instinct avec ma bonne nature. Quelle personne remarquable. Elle était prête à se sacrifier tellement elle avait confiance en moi ! Je ne pensais pas cela possible. Peut-être que cela ne se serait pas passé aussi simplement si elle m’avait déjà vue tuer quelqu’un de ses propres yeux. Elle aurait vu à quel point le mal qui m’envahi peut faire des choses horribles aux personnes innocentes. Néanmoins, elle me fit bien comprendre qu’elle préférait encore cette mort à la folie. Dans ce sens, je la comprenais pleinement. A vrai dire, même-ci je n’avais pas été transformée, je pense que j’aurais fini par perdre la raison par moi-même. En cinq ans entre ces mur, j’avais vu et entendu des choses que j’aurais préféré éviter. Tant d’horreur, tant de haine et de violence. Il n’est pas possible de rester sain d’esprit dans un tel environnement.

Son courage me laissa sans voix un long moment alors qu’elle dégageait sa nuque pour me laisser le champ libre. A la simple vue de sa chair nue, mes yeux virèrent au rouge sous la force du désir. Doucement, je m’approchais de son cou... Mais avant toute chose, je vins lui murmurer à l’oreille.

« Je ne sais pas qui tu es réellement, mais je sais qu’au moins, toi et moi, nous menons le même combat. Je promets de ne pas te tué et, qu’aussitôt le… travail terminé, je te protègerais quitte à mettre ma propre vie en jeu. Je ne pensais pas rencontré un jour quelqu’un prêt à se sacrifier pour les autres et encore moins pour un dément comme moi. Je suis heureuse et j’espère sincèrement que ce que je vais faire a présent ne t’effraiera pas… » Je fis une légère pause, lui caressant doucement sa main. « Si tu te sens mal, lâches ma main et je m’arrêterais… Merci encore, Rose. »

Finalement, sur cette fin de phrase, mes dents s’enfoncèrent dans sa nuque, provocant en elle une cuisante douleur sur le coup… Mais il ne fallut pas longtemps pour que cette douleur soit transformée en plaisir. Rapidement, les toxines que j’injectais firent leur œuvre pour détendre ma victime, me laissant alors le champ libre afin de boire son sang sans pour autant qu’elle ne cherche à se débattre. Même-ci cela n’était probablement pas utile, cela rendait au moins la tâche plus facile à supporter pour ma nouvelle amie qui donnait d’elle-même pour m’aider. Après cela, j’aurais probablement une dette éternelle à son égard, mais je m’en fichais car elle le méritait largement. Une personne si faible de corps et si forte d’esprit mérite bien que l’on se batte pour elle.

D’ailleurs, je ne sais pas si cette gentillesse et cette confiance excessive ne m’aurait pas aidé car, contrairement à d’habitude, je n’ai pas perdu pied dans le plaisir. J’avais gardée toute ma tête ce qui me permit de m’arrêter une fois mes besoins satisfaits. Doucement alors, je me retirai et la regardai un peu surprise par moi-même… Enfin je n’étais vraiment plus dépendante du monstre qui m’habitait et, enfin, je pouvais vivre sans avoir à tuer qui que ce soit. Néanmoins, cela n’empêchait que j’avais dut quand même bien affaiblir Rose. Je la pris alors doucement dans mes bras et l’aidai à s’allonger sur le canapé.

« Allonges toi… Tiens, prends ceci. » Je lui rendis sa pomme. « Termines là, cela te fera du bien. Je reviens. »

Aussitôt, je retournais vers l’armoire où j’avais ranger un peu de nourriture et j’en ressortis une boite de sucre. Il me suffit d’un verre d’eau dans lequel je cassais trois morceaux de sucres afin de l’aider à reprendre des forces rapidement tout en s’hydratant.

« Tiens, bois ceci. »

Lui dis-je tout en lui tendant le verre remplit de la boisson sucrée.

« Comment te sens-tu ? »